
Qu’est-ce qu’un iBuyer et quelles sont les différences par rapport aux agences immobilières traditionnelles ?
Les iBuyers sont nés d’une promesse folle : acheter votre bien en 48 heures et au prix du marché. Divers acteurs dans ce domaine se sont réunis pour échanger sur le futur des iBuyers lors de l’édition 2021 du RENT. Retour sur cette conférence avec les intervenants suivants :
- – Arnaud Hamzaoui, Rédacteur en chef chez Immo2
- – Olivier Colcombet, Président Directeur général Digit RE Group
- – Aurélien Gouttefarde, CEO de Homeloop
- – Thibault Remy, Président de Meilleurs Agents
Quel est le concept des iBuyers ?
Le concept est simple : les iBuyers achètent le bien des clients vendeurs pour ensuite le revendre. Si l’estimation s’aligne sur les prix du marché immobilier, ils déduisent un pourcentage indexé sur le prix du bien pour le service apporté.
Ces nouveaux acteurs sont souvent associés aux marchands de biens, avec tous les stéréotypes négatifs qui y sont attachés. Pourtant, les iBuyers présents autour de la table sont unanimes : ils ne font pas le même métier.
Pour Olivier Colcombet, Président Directeur général Digit RE Group, comme pour Aurélien Gouttefarde, CEO de Homeloop, leur modèle est plus comparable à celui des assurances, à de la gestion de risque. En effet, ils ne cherchent pas à sortir gagnants de chaque transaction, ils prennent en compte la moyenne des gains et des pertes pour déterminer leurs succès.
Aurélien Gouttefarde est catégorique : “Dès l’arrivée de nouvelles recrues nous sommes clairs sur nos objectifs : en rejoignant Homeloop vous êtes ici pour rendre un service, pas faire des marges démesurées.”
Olivier Colcombet précise : “Tout ce qui est au coeur du modèle des marchands de bien, les rénovations lourdes, la division des lots, nous, on ne sait pas faire. Nous avons le statut de marchand de bien par obligation mais ce n’est pas du tout notre vocation.”
Qui sont les clients des iBuyers ?
Selon une étude menée par Meilleurs Agents en 2020, 20% des Français connaissaient les iBuyers. Pourtant, seul un tiers de ces personnes étaient prêtes à confier leurs biens à ces nouveaux acteurs, confie Thibault Remy, Président de Meilleurs Agents.
La principale raison citée de cette réticence était la peur de voir son bien décoté. Arnaud Hamzaoui, Rédacteur en chef chez Immo2, rappelle que la plupart des Français pensent brader leur bien de 20 à 30 % en utilisant ce genre de solution.
Il est impensable que des vendeurs acceptent un tel rabais, surtout dans les marchés immobiliers urbains selon Thibault Remy. Les iBuyers confirment : grâce à l’accessibilité de la donnée immobilière, les vendeurs ont parfaitement conscience de la valeur de leur bien. Pour le CEO de Homeloop c’est bien simple : “Une grande majorité de nos vendeurs ont des projets d’achat, ils n’accepteraient jamais une proposition aussi basse”.
“Aux États-Unis, précurseurs des iBuyers, la moyenne se situe entre 8 et 9 % du prix du bien. En France, on se situe plus aux alentours des 7 %, détaille Olivier Colcombet. Ça fonctionne parce que c’est un processus transparent : nous partons d’une évaluation, nous fixons une condition de service en fonction de l’évaluation.”
Ce sont ces notions de certitude est de rapidité qui séduisent. Selon le Président Directeur général Digit RE Group, “Nous attirons des profils qui veulent se libérer d’un maximum de contraintes liées à la transaction. Ce sont souvent des peronnes en mobilité qui ne veulent pas assurer les visites par exemple.”
Les iBuyers ont conscience que cette solution ne s’adresse pas à l’ensemble des propriétaires vendeurs. Pour le Président de Meilleurs Agents, “c’est un arbitrage financier à faire en fonction des besoins des profils”.
“Notre objectif est de rendre un service à nos clients, de proposer une solution alternative pour ceux qui le souhaitent et surtout de rendre accessible cette alternative” explique Aurélien Gouttefarde.
Les agents immobiliers doivent-ils avoir peur des iBuyers ?
Bien des agents immobiliers ont exprimé leur craintes de voir leurs services se faire canibaliser par ces nouveaux acteurs auprès de Arnaud Hamzaoui. Pourtant, Olivier Colcombet est catégorique : “Il y a de la place pour tout le monde. Si on regarde le marché américain, en 7 ans d’existence, les iBuyers ne représentent que 2% de parts de marché.”
En effet, c’est une offre de service qui ne répond qu’à une partie des propriétaires vendeurs. “Puisque environ 60 % de nos clients sont des vendeurs ayant des projets d’achat, les iBuyers sont plutôt une alternative crédible au prêt relais puisque nous engageons moins de frais auprès des vendeurs qu’aux agences immobilières” précise Aurélien Gouttefarde.
“Plus que des solutions concurrentielles ce sont, à mes yeux, des solutions complémentaires, conclut Thibault Remy. Les agences immobilières devraient rajouter l’iBuying aux services qu’elles proposent.”

