
« Je sillonne les routes d’Europe à la recherche de mobilier et d’objets d’art »
Passionné d’art et des enivrantes époques de l’Histoire européenne, Charles commence à parcourir les routes en quête de nouveaux trésors pour ses clients il y a quelques années de cela. Souriant, attentif et curieux (trait essentiel dans ce milieu), son esprit semble plonger dans votre univers afin de trouver la perle rare qui conviendra le mieux à votre intérieur. Fin connaisseur des tendances actuelles et expert du marché national et international, il excelle dans l’alliage modernité – vintage et maîtrise parfaitement les codes du design de tout temps, il vous créera une décoration sur mesure. Rencontre.

Quel est ton métier, en quoi consiste-t-il ?
Je suis marchand d’art, je tiens une boutique à Paris dans le 9e arrondissement, E&C Antics. Je me dédie à la quête d’objets originaux, authentiques et historiques pour les revendre à des particuliers ou entreprises à Paris. Au quotidien, j’ai deux types de missions. Celle à mon compte, qui consiste à me rendre sur les foires européennes et récupérer des objets d’époque pour renouveler mon stock boutique. J’achète alors généralement dix à quinze pièces uniques et de valeur, que je ramène à Paris. Et celles pour le compte d’un client (particulier ou entreprise). Dans ce cas-là, mon travail consiste à trouver l’objet qu’ils recherchent ou qu’ils ont en tête et le leur ramener dans les meilleurs délais.
Où te ravitailles-tu en mobilier et autres objets d’art ?
J’ai arrêté de me fournir en France depuis quelque temps déjà car les prix sont devenus excessifs sur tout le territoire. Les prix affichés en boutique équivalent à ceux que je pratique, cela n’a donc plus aucun intérêt pour moi. Le mobilier français possède son charme bien entendu, il s’agit même de l’un de mes styles favoris, mais il est désormais plus simple, et plus abordable de se ravitailler à l’étranger. J’ai donc commencé à sillonner les routes d’Europe afin de trouver des objets précieux, authentiques ou originaux et qui répondent aux aspirations de ma clientèle. Le design des pays que je visite est également très couru, il s’agit pour la plupart, de pièces maîtresses conçues par des designers de différentes époques, aujourd’hui en vogue. Mon objectif, c’est de trouver des perles rares.
Quel a été ton parcours, qu’est-ce qui t’a mené à effectuer cette profession ?
Mon père était également marchand d’art. J’ai donc découvert ce métier dès l’enfance, j’ai eu la chance d’observer et apprendre les ficelles du métier et découvrir ma passion très jeune. Pour moi, l’art était une évidence. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai donc entrepris des études de marché de l’art à l’IESA (Institut d’Etudes Supérieures d’Art), afin de devenir commissaire-priseur. Quoique captivé par ce métier, j’ai rapidement déchanté du fait de la rigidité imposée au quotidien. Le rythme métro-boulot-dodo n’était pas fait pour moi, j’avais envie d’être sur le terrain, d’aller cueillir l’art de moi-même, de trouver les bonnes adresses, de connaitre, ressentir et vivre l’art. Le marché artistique est très vaste, le connaître de l’intérieur est un atout non négligeable. J’ai donc ouvert une boutique / showroom dans le XVIIe arrondissement avec un associé et nos objets étaient exclusivement dédiés aux professionnels qui nous les reprenaient par lot de dix voire vingt. Ma boutique actuelle, je l’ai ouverte il y a trois ans dans le but de proposer mes sélections aux particuliers. Par ‘particuliers’ j’entends décorateurs, antiquaires, vendeurs aux puces, ou tout simplement des gens comme vous et moi, recherchant des meubles originaux, en provenance du passé !
Quels sont tes pays de prédilection ?
Tout dépend des commandes de mes clients, de leurs attentes, du style recherché et de l’époque dans laquelle ils veulent se placer. Pour me ravitailler je me rends à des foires internationales qui se tiennent à différentes dates, tout dépend donc de mes disponibilités et de mes besoins en fourniture. Mais je fréquente le plus souvent les foires d’Italie, de Pologne, de Belgique, d’Allemagne ou des Pays-Bas. On y trouve du mobilier de caractère, élégant, et de toute époque. Par exemple, le mobilier italien est reconnu pour son chic et sa finesse. J’apprécie également beaucoup les déplacements au Danemark et en Suède.
Comme expliqué plus haut, j’ai arrêté de me fournir en France car les prix du marché ont énormément augmentés, il n’y a donc plus d’intérêt pour moi car je ne pourrai pas les revendre. Les seules villes encore un tant soit peu attractives vis-à-vis des antiquités d’ameublement, sont Le Mans et Chartes, où je me rends de temps à autre pour des commandes spécifiques.
Ta période favorite en termes de mobilier ?
Je n’ai pas réellement de préférence, toutes les périodes de l’histoire ont leurs particularités, leurs pièces phares, qui sont plus ou moins belles, ce n’est pas là mon travail d’émettre un jugement sur le mobilier que je vends. Toutefois, il peut être complexe de s’approvisionner et stocker du mobilier provenant de toutes les périodes, surtout lorsque l’on remonte au fil des siècles ! Par conséquent nous sommes généralement contraints de nous spécialiser. Lorsque je me suis lancé, il y a une dizaine d’années, c’était la mode du mobilier très industriel alors pour me démarquer j’ai décidé de me spécialiser dans le style Vintage, mobilier d’après-guerre, soit la deuxième partie du XXe siècle globalement. J’affectionne tout particulièrement les meubles des années 1960.
Quels sont les aspects positifs et négatifs d’un tel métier ?
Dans un premier temps, le fait de se rendre une semaine sur deux dans une capitale européenne, c’est un aspect plutôt sympathique du métier, je vais à la rencontre de nombreuses personnes passionnées par l’art et le mobilier de valeur et c’est ce qui me plait ! Le fait de devoir se déplacer constamment, quoi que grandement enrichissant spirituellement et socialement, peut présenter des désavantages bien évidemment, je me déplace en camion, seul, allers-retours peuvent parfois s’avérer épuisants, mais c’est le prix à payer pour faire le métier que j’aime ! La boutique est petite, il faut donc qu’il y ait une rotation constante des meubles exposés en vitrine, mes déplacements sont donc généralement impératifs.

Comment fait-on pour commander un meuble en faisant appel à tes services ?
Je demande d’abord au client de me décrire le meuble qu’il recherche (type, époque, couleur…), et de m’indiquer son budget ainsi qu’une fourchette de prix. S’ils le peuvent, je demande également une photo de leur meuble idéal pour me faire une idée plus précise et exacte de leur recherche. Ensuite, je contacte mes fournisseurs, qui m’indiquent s’ils ont le meuble ou pas, et dans ce cas le délai d’attente. Je me déplace uniquement lorsque mon stock doit être renouvelé, je ne vais pas faire un aller-retour à travers l’Europe pour un seul meuble. Généralement, je demande au fournisseur une photo du meuble, pour voir si son état correspond aux attentes/ espérances du client. Je fais un peu de restauration moi-même, mais la boutique est petite et je ne dispose pas de grands espaces pour retaper les meubles, je privilégie donc les meubles en l’état.
Quels meubles as-tu trouvé pour les nouveaux locaux de Proprioo et où te les es-tu procurés ?

Aperçu des meubles de la cuisine Proprioo
Pour la cuisine, j’ai trouvé les tables de bistrot, les chaises en bois, le petit bar. Ensuite pour l’open space je me suis chargé de l’enfilade, du grand canapé et de celui plus petit en rotin, j’ai également déniché trois-quatre fauteuils répartis un peu partout dans les locaux.

Une partie vient d’Allemagne et de Belgique et la banquette en rotin vient d’Italie mais je pense qu’elle a été fabriquée en France. Au début je voyais un style un peu plus destroy, mais on s’est rapidement dirigés vers des meubles d’une allure plus vintage-chic, notamment avec certains objets tels que la machine à coudre d’époque ou le tourne disques.

Comment se sont déroulés vos échanges pendant l’aménagement pour le choix des meubles que tu trouvais ?
Tout d’abord, comme expliqué précédemment, Stéphanie, votre architecte d’intérieur m’a transmis quelques photos/moodboards afin que j’entrevoies / assimile / saisisse bien le type de meuble recherché. Je suis ensuite venu sur les lieux au cœur des travaux pour voir la configuration des locaux et me faire une idée du caractère et du potentiel de cet espace. J’ai tout de suite aperçu l’éclat intense de l’oscillation entre modernité et tradition qui était recherché pour ce projet. Pour chiner les meubles je me suis donc rendu à l’étranger, et j’échangeais par messages avec Stéphanie et Lorraine, je leur transmettais les photos du mobilier déniché, et elles me donnaient leur accord ou non. Il nous est arrivé de louper des opportunités bien entendu, c’est les tracas du métier, les brocanteurs et vendeurs sont constamment sur les routes, ils ne peuvent pas se permettre d’attendre que les clients hésitent trop longuement. C’est la règle du jeu !
L’objet le plus estimable que tu aies acquis ?
Un œil anatomique signé Deyrolle qui datait de la fin du XIXe siècle, début du XXe et que j’ai revendu à un musée. J’ai également trouvé un guéridon Leleu, il ne s’agit pas d’une pièce réellement rare, mais d’une grande beauté. Dernièrement, j’ai fait l’acquisition d’un authentique assesseur d’ophtalmologue d’une grande finesse qui a certainement été fabriqué au XVIIIe siècle en Angleterre.
Quels conseils donnerais-tu aux particuliers désirant s’approprier leur espace et se lancer dans l’aventure de recherche mobilière d’art ?
D’abord, il leur faut déterminer un budget dès le début de leur projet. Une fois le budget fixé, ils pourront commencer à chercher la pièce qui leur convient selon l’époque qui leur plaît. Il est également fondamental de savoir dans quelle pièce ils vont vouloir placer le meuble afin de connaître la configuration future de l’espace, l’éclat qu’ils désirent y conférer et le potentiel que cela va y apporter. Ensuite débutera le processus de recherche. Chiner du mobilier d’art requiert une certaine expérience ainsi qu’une force de caractère pour négocier. Se renseigner sur l’époque en question est une étape essentielle pour ne pas se faire arnaquer. Mon conseil serait de ne pas se jeter sur le premier objet trouver, mais bien de faire une étude approfondie des différents points de vente, quitte à se déplacer en province. Finalement, une fois le meuble de vos rêves trouvé, faites attention aux détails, sachez négocier, gardez une marge de manœuvre et prêtez grande attention à la provenance du bien (époque et pays notamment). Inspectez l’emballage, les contours, l’armature, la présence de visses, et prenez garde aux restaurations trop importantes qui pourraient dissimuler un manque de qualité.
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Ecrit par Chloé Kalafat


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